De l' Airbus A380 à Cogilog ! (1)



 

Jean Bousquet fait partie de ces rares personnes en France préférant le métier risqué de chef d'une petite entreprise à celui de cadre dans un grand groupe industriel! Avant de créer Cogilog, Jean Bousquet était en effet Chef de Département à l'Aerospatiale et travaillait sur le projet de l'Airbus A380. Métier passionnant et confort financier n'ont pas empêché Jean Bousquet de se lancer dans l'entreprenariat ! c'est d'autant plus impressionnant que sa formation initiale était purement technique. Mais comme si ce premier défi ne suffisait pas, Jean Bousquet a décidé au début des années 2000 de reprogrammer entièrement ses logiciels, pourtant matures et appréciés, au moment du passage à Mac OS X ! il aurait pu, comme beaucoup d'autres, se contenter de "carboniser" et relooker ses applications, mais il fit plutôt le pari de Mac OS X et d'applications totalement optimisées pour le nouveau système d'Apple. Enorme travail de la part de Cogilog qui a du changer complètement ses méthodes de travail, son langage de programmation (maintenant Xcode), son système de base de données et reprendre ses logiciels de zéro ! il ne faut pas oublier qu'en choisissant les outils de programmation d'Apple (Xcode), Cogilog se liait pour une longue durée à Apple et là aussi c'était un pari audacieux, surtout sur un marché de niche exclusivement hexagonal. Cogilog commence maintenant à récolter les fruits de cette politique d'innovation, sa nouvelle gamme, à la fois ergonomique et puissante, séduit de plus en plus les entreprises et cabinets d'expert-comptable. Dans cette première partie de l'interview, nous découvrons, entre autres, que le bureau d'études de l'Aerospatiale était équipé en Mac !
Société Cogilog

MacGestion : Comment a été créé Cogilog ?

Jean Bousquet : J’ai une activité d’enseignement en tant que professeur d'aérodynamique à Sup'Aero (Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique et de l’Espace) et lorsqu'en 1987-1988 j'ai eu besoin d'un ordinateur pour éditer mes ouvrages scientifiques, j'ai pensé que le Mac pouvait être le bon outil. En milieu scientifique, pour le stockage des informations, on a besoin, bien sûr, de stocker du texte, mais aussi des images et des formules mathématiques. Le Mac a été le premier à permettre ce mélange sans que ce soit trop compliqué.

Logo de Cogilog Compta J'ai donc commencé à utiliser un Mac pour éditer mes propres cours, et puis le Mac est devenu, petit à petit, l'outil utilisé par le service d'Edition de Sup'Aero. Tout le monde a commencé à voir le potentiel de cet ordinateur pour l'édition d'ouvrages scientifiques. A partir de ce moment Sup'Aero a réalisé toutes ses publications sur la plate-forme Mac. C'est dans ce cadre que j'avais développé un logiciel permettant de faire de l'édition scientifique. Comme c'est un outil qui, au delà de Sup'Aero, intéressait d'autres écoles d’ingénieurs, des universités et centres de recherche, j'ai créé la société Cogilog qui permettait de le commercialiser.
 
En parallèle, le Mac a été également implanté au Bureau d'Etudes de l'Aerospatiale où je travaillais en tant qu’ingénieur. Un peu pour les mêmes raisons de convivialité et d'efficacité. A l'époque le problème était le prix, le Mac était nettement plus cher que les autres systèmes. Mais, même avec cet inconvénient, c'était vraiment le meilleur outil. Le Mac a été la plate-forme utilisée par le Bureau d'Etudes de l'Aerospatiale pendant à peu près 7 ou 8 ans.

Cogilog : les icones de travail

Ensuite, lors du regroupement de l'Aerospatiale avec les autres industriels aéronautiques européens pour constituer EADS et Airbus, le Mac a été remplacé, les autres sociétés utilisant des PC, il a fallu se conformer à la majorité des utilisateurs et uniformiser le parc informatique. Ce qui ne s'est pas fait sans problème, les ingénieurs et tout le personnel du Bureau d’Etudes de l'Aerospatiale étant habitués à la convivialité du Mac.

MG : Le Mac était vraiment très différent des autres systèmes à l'époque ?

JB : C'était déjà un système innovant, par la convivialité qu'il entraînait, par un respect plus important de l'utilisateur. A l'époque c'était nouveau ! sur Mac, on comprenait que l'utilisateur pouvait se tromper et que c'était au logiciel à s'adapter et non l’inverse.

une fenêtre cogilog pour les clients

MG : Vous avez travaillé sur le projet de l'A380 je crois ?

JB : Oui, j'ai été dans l'équipe qui a démarré l'A380 (qui s'appelait A3XX à cette époque), j'ai travaillé sur le projet A380 de 1990 à 1994.

MG : Sur l'aérodynamique ?

JB : Oui, enfin à cette époque le projet en était à ses débuts et on travaillait surtout sur l'architecture générale de l'avion, la problématique du fuselage et du nombre de passagers. On travaillait déjà sur le "double pont", c'est à dire les deux niveaux de passagers. J'étais un des responsables de ce projet.

J'avais donc un travail très intéressant et passionnant mais j’ai eu envie de voir une autre facette d'une vie professionnelle, dans une petite entreprise, à mon compte, et développant mes propres logiciels. Alors qu'à l'Aerospatiale le cadre était un peu différent ! c'est un groupe important.

Une fenêtre de cogilog immo

MG : C'était quand même un sacré pari de quitter un job aussi important et, je suppose, rémunérateur?

JB : Oui c'est sûr ! A l'Aerospatiale j'étais chef de département dans les avant-projets, le confort financier était important ! Mais ça m'a tenté, je me suis dit qu'on vivait sa vie professionnelle qu'une fois et après mûre réflexion et discussions avec mes directeurs, je me suis décidé à tenter l'expérience. En 1994, je me suis donc occupé de Cogilog à plein temps !

MG : Cogilog vient de "cogiter" ?

JB : Oui, Cogilog est la contraction de "Cogiter" et Logiciel.

Cogilog Gestion : factures et devis clients

MG : Quel a été le premier logiciel de votre gamme de gestion à être commercialisé ?

JB : Le premier produit a été la comptabilité, et ce, dans un esprit innovant. J'avais eu l'occasion d'aborder la comptabilité dans le cadre de mon activité à l'Aerospatiale puisqu'en prenant des responsabilités on est amené à s'occuper de gestion, en plus de la technique bien sûr. Je dialoguais donc avec des gestionnaires et des comptables et c'est vrai que c'était pas toujours facile de se comprendre !

J'ai alors souhaité acquérir des notions de comptabilité et je me suis rendu compte que ce n'était pas si difficile, en tout cas nettement moins que l'aérodynamique ! mais les concepts de la comptabilité sont parfois enveloppés dans un jargon qui faisait que des choses simples étaient parfois présentées de façon compliquée. C'est là que j'ai pensé qu'avec le Mac, qui amenait la convivialité à l'informatique, on pouvait faire un logiciel de comptabilité à la portée d’un chef d'entreprise, même s'il n'avait pas ou peu de notion comptable.

Le réseau dans Cogilog

MG : En quelle année est sorti Cogilog Compta ?

JB : A l'été 1994, et au bout de quelques années, c'est devenu un grand succès pour nous puisque beaucoup d'utilisateurs nous complimentaient car ils comprenaient enfin la comptabilité ! et ils pouvaient utiliser un vrai logiciel de comptabilité enfin accessible et compréhensible.

Je me suis rendu compte à cette époque que les clients appelaient souvent notre hotline pour des problèmes qui ne concernaient pas le logiciel (qui est très facile à utiliser) mais la comptabilité proprement dite. Des questions du type "est-ce que j'ai le droit de déduire la TVA dans ces conditions ?", c'est à dire des questions purement comptables et réglementaires.

On a donc innové en proposant une assistance téléphonique informatique mais aussi comptable. Notre logiciel est aussi livré avec un manuel "Comprendre et pratiquer la comptabilité" que j'ai écrit pour ceux et celles qui souhaitent maîtriser rapidement ces concepts et qui est vraiment orienté vers les chefs d'entreprises qui n'ont pas ou peu de notions comptables. La comptabilité est vraiment plus simple qu'on ne le croit ! bien expliquée et débarrassée de son jargon technique, elle est somme toute, naturelle.

Cogilog : les fiches clients

MG : Vous avez ensuite sorti des produits plus spécialement destinés aux cabinets d'expert-comptable ?

Oui, Cogilog Compta était donc, en 1994, résolument orienté vers les PME-PMI et les petites structures. A ce moment-là, nous avons été approché par des experts-comptables qui avaient découvert notre logiciel et qui étaient intéressés par une de ses fonctionnalités : l'édition de liasses fiscales. Ces professionnels m'ont convaincu qu'il y avait un besoin dans les cabinets pour un logiciel entièrement dédié à la production complète des liasses fiscales (déclaration annuelle des résultats). Nous avons trouvé l'idée intéressante et avons sorti ce nouveau produit : Cogilog Liasses.

Avec ce logiciel, les documents fiscaux apparaissent à l'écran exactement comme sur les documents papier. Cogilog Liasses est sorti vers février-mars 1995 et les cabinets l'ont très vite adopté. On a beaucoup travaillé sur ce logiciel avec les clubs Les Hespérides (clubs d'experts-comptables travaillant sur Mac) pour qu'il convienne parfaitement aux besoins des cabinets d'expert-comptable. Cogilog Liasses est donc vraiment orienté pour la productivité des cabinets d'expertise-comptable. Il y avait 4 logiciels de liasses à l'époque, ceux de Ciel, Meteor, La Solution Douce et le notre. Notre logiciel s'est très bien implanté grâce à sa convivialité et à sa rapidité, très supérieure à celle de ses concurrents, atouts très importants pour les cabinets.

Cogilog Immo : les exercices comptables

Cogilog Liasses
a aussi beaucoup évolué puisqu'au départ conçu pour l'impression laser des documents fiscaux, il a ensuite été complété de fonctionnalités de télétransmission électronique des documents fiscaux à la norme EDI-TDFC. Toutes plates-formes confondues, Cogilog Liasses a été un des tous premiers logiciels agréés par l'Administration. Il a continué à évoluer avec l'implémentation de nouvelles fonctionnalités comme l’édition de plaquettes de présentation des comptes ou encore l’édition de tous les documents nécessaires aux assemblées générales.

logiciel mac suivant

 

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